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Et alors, on taille les arbres fruitiers en permaculture?

Durant l’hiver (glacial ?) 2019-2020, il peut nous venir à l’esprit de tailler les fruitiers. Et oui ! C'est une pratique courante mais parfois déroutante... Voilà ce que nous avons pu entendre au sujet de la taille des arbres fruitiers : « Pour qu’un arbre donne, il faut qu’il souffre », « une bonne taille et l’arbre te le rendra » …  :O Et les manuels de taille peuvent parfois nous laisser indécis devant notre arbre … Et puis de l’autre coté la nature ne taille pas, alors devrait-on tailler ?

Premièrement, c’est bien en hiver qu’il faut tailler ?

Effectivement ! La taille se réalise, sauf cas particuliers, au moment où la partie aérienne est un peu moins gorgée de sève. Mais attention ! On nous a déjà recommandé de tailler juste avant la monter de sève, c'est à dire en sortie d’hiver (fin février - début mars). En effet, la sève stockée dans les racines durant l'hiver est présente en quantité suffisante pour alimenter toute la partie aérienne de l’été précédent. Lorsque l’on taille un arbre en plein hiver, la poussée de sève du printemps se fait vers les branches qui ne sont plus là. Celle-ci est alors détournée vers les bourgeons qui se situent en dessous de la cicatrice.

Résultat: on obtient autour des cicatrices une couronne de branchouilles qui donnera à l’arbre un port parfois étrange, voire déséquilibrée… Alors que si l'on taille au moment où la sève commence à quitter les racines, une partie est enlevée avec les branches coupées et une autre s’échappe légèrement par les parties non cicatrisées sans pour autant stresser l’arbre 😊 Nous l’avons testé l’année dernière, et le résultat observé l’été dernier était satisfaisant !

Faut-il tailler du coup ?

Il est vrai qu’on pourrait se demander à quoi sert la taille vu que notre vision est de s’inspirer de la nature. Or, elle ne taille pas les arbres à proprement parler… D’ailleurs, même si un arbre « sauvage » prend une allure biscornue au cours de sa croissance, peut-on dire qu’il est déséquilibré / non harmonieux ? Y’a certainement plein de paramètres que l’on ne pige pas encore dans le port des arbres…

Le truc, c’est que nos arbres fruitiers sont déjà bien désorientés au moment de la greffe… C’est quand même un sacré stress ! Alors durant les premières années, il vaut mieux les guider un petit peu pour les aider à retrouver un port facilitant leur croissance et l'obtention d'un port harmonieux … D’ailleurs, n’oublions pas que travailler avec des arbres jeunes sera aussi un avantage dans la mesure où ils cicatriseront rapidement 😉 Et la taille n’engendra que de petite cicatrices !

Euh, c’est quoi un port équilibré ?

Alors attention les yeux ! Un port équilibré est intéressant pour que l’arbre résiste aux tempêtes, qu’il donne des fruits sur tout son houppier, et qu'il soit bien aéré. Un port équilibré permet également d’éviter les grosses fourches pouvant aboutir au bout de quelques années à la fendaison de l’arbre. Attention, la nature n’est pas toujours toute droite et tant mieux ! Mais en tant qu’humain, si l'on peut éviter de perdre un arbre généreux que l’on a greffé, planté, et taillé au bout de quelques années, pourquoi ne pas agir assez tôt ?

 

Pour se faire, on peut essayer après la greffe de donner à l’arbre une dominance apical, c'est-à-dire de faire en sorte que la danse soit menée par le bourgeon au sommet. La branche bien droite sélectionnée dès le début deviendra le tronc robuste de l’arbre et sera parsemée de haut en bas de couronnes de 3/4 branches à intervalles réguliers. Ces branches sont appelées les charpentières, elle participe à l’allure harmonieuse de l’arbre, et c’est à partir d’elles que la mise à fruit pourra se faire généreusement.

Franchement je suis perdu ?

Ba ouais nous comprenons ! Néanmoins, nos erreurs nous font penser que si l’on n’est pas sûr, ba vaut mieux pas tailler ! Et puis un bon conseil aussi , ne pas tailler plus d’1/3 de l’arbre d’un coup : beaucoup trop stressant pour lui! T’imagines si on te coupait plus d’1/3 de ton corps ? :O C’est comme ça que l’on peut donner un mauvais port à un arbre et galérer ensuite pour le rattraper…

On pense également qu'il vaut mieux éviter de couper une branche en plein milieu et plutôt le faire à un embranchement. Et puis la base de la base : nous pensons qu'il est absolument nécessaire de se renseigner sur les dimensions finales de l’arbre qu’on plante (basse tige, moyenne tige, haute tige) pour s'éviter bien des tracas. Par exemple : éviter qu’il ne touche le mur du voisin au bout de quelques années, et de finir par le couper entièrement parce que cela prend du temps de le tailler… Là on stressera vraiment l’arbre car ne l’oublions pas, la taille reste une perturbation, donc pensons à réfléchir avant d’agir !

Voilà ! Nous ne prétendons pas tout connaître, d’ailleurs on peut le lire ! Disons que c’est une compréhension globale qui est peut-être mieux que des idées bien arrêtées 😉 Mais c’est ça qui est chouette avec les processus naturels: on ne cernera jamais exactement tout 😉

D'autres articles sur ce blog sur la permaculture à notre actif alors rdv sur la page et bonne lecture :) Et/ou suivez nous sur notre page Facebook et Instagram pour suivre l'avancée de notre projet d'eco-lieu : épicerie vrac et de jardin maraîcher. A bientôt !

 

Ewen & Lucile

 

Nos sources :

  • Stefan Sobkowiak
  • Le verger bio : arbres et arbustes de Alain Niels Pontoppidan
  • Le verger permaculturel : Au delà du bio de Olivier Asselin

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