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Récolter ses graines

En ces journées de fortes chaleurs, et pour peu qu’il y ait de l’eau, les plantes du jardin et du balcon grandissent à vue d’œil ! D’ores et déjà, nous avons eu des fleurs de capucine, de phacélie, de pois, de sauge, de poireaux … et nous voyons des gousses, akènes, siliques et autres graines remplaçaient ces belles fleurs. Pour d’autres plantes comme les épinards, les laitues, les blettes, la mâche… nous observons des graines tout le long des tiges également. Toutes ces plantes potagères qu'on a laissé monter en graines, c’est le top ! On va pouvoir les récolter et les utiliser l'année prochaine :D Ah bon ? on vous explique tout de suite pourquoi :)

Laisser monter ses plantes en graines ?

Déjà, ça diversifie ce qu'on peut voir au jardin. En plus, on va pouvoir les utiliser pour avoir de nouvelles plantes l'année prochaine. En route vers l'autonomie ! :D

 

Et pour les jardins où les plantes sont libres de se semer où elles le souhaitent, on peut espérer, sans rien faire, voir les générations suivantes repousser. Quel plaisir !

 

Cependant, rien n'est assuré : quelles plantes  ? Quelle quantité ? Sur mes planches ? Pour tout contrôler, tant pis, j’irai à Jardilud acheter des graines l’année prochaine… Et ben, c’est ptet pas le top...

Ah ouais ? Pourquoi donc ?

Parce que les graines que nous pouvons récupérer sont issues de plantes qui ont grandi dans notre jardin, et ce, durant une saison entière. Effectivement, cela signifie que parmi les graines que nous avons semé au printemps, un premier tri est fait entre les graines qui n’ont pas germé pour x raisons, les plants morts en cours de croissance toujours pour x raisons, et celles qui ont poussées.

 

On s’explique : Une fois les plantes montées en graines, nous les récoltons. L’année d’après, nous semons ces mêmes graines. Ah mince… Cette année-là est caractérisée par un printemps sans précipitations. Du coup, seules les graines résistantes à la sécheresse ont levé. Il n’y a pas beaucoup de pieds, mais nous récoltons encore les graines. Il y a de grandes chances pour que celles-ci soient résistantes au manque d’eau. Et hop l’année d’après, quasiment toutes les graines ont levé. Et oui ! Finalement, plus les années passent, et plus nous obtenons des graines adaptées aux conditions pédoclimatiques locales, et résistantes aux années extrêmes. C’est le top non ?

 

Et oui, c’est la sélection naturelle légèrement accélérée par nous 😊 C’est peut-être une bonne solution de faire en sorte que nos plantes évoluent avec nous, et qu’elles s’adaptent aux conditions locales et au changement climatique. Surtout que, nous l’avons remarqué, les années sont de moins en moins équivalentes question météo, un coup ch’est l’inondation, un coup ch’est la sécheresse...

Oui, mais comment s’y prendre ?

Tout d’abord un peu de biologie s’avère nécessaire. Il y a des espèces autogames, dont les fleurs possèdent des organes femelles et mâles, et des espèces allogames dont les fleurs mâles et femelles peuvent être : soit sur le même pied, il s’agit alors d’une espèce monoïque, ou sur des pieds différents, on parle alors d’espèce dioïque.

Les espèces autogames

Pour commencer, concentrons-nous sur des espèces autogames comme les tomates, les haricots, les radis et les pois. Les graines sont plutôt simples à récolter.

 

Par exemple la tomate, il suffit de récolter quelques graines quand on les mange, les faire fermenter pour une meilleure conservation, et pourquoi pas les mettre au frigo une quarantaine de jours pour lever la dormance. Petite astuce, si vous en achetez au maraîcher du coin, dont vous appréciez les pratiques, et particulièrement s’il fait sa propre semence, récoltez un peu de ses graines ! Elles sont déjà probablement adaptées à votre terroir.

 

La laitue aussi, il suffit de la laisser monter en graines, c’est assez bluffant :p Et puis quand les graines sont foncées et surmontées d’un peu de poil, on prend un seau, on y place les tiges, on les laisse sécher, et on les bat pour récupérer les graines.

Les allogames

Parmi les plantes difficiles, il s’agit souvent d’espèces allogames. Pas parce que les graines sont difficiles à prélever (il suffit de les récupérer quand on les mange:)), mais parce que ces espèces ont une tendance élevée à l’hybridation naturelle.

 

C’est le cas de la famille des courges : les cucurbitacées. Ces plantes demandent un peu plus de pratique pour faire correctement sa semence. Attention, l’hybridation naturelle, c’est important, c’est grâce à elle que de nouvelles variétés savoureuses ont été sélectionnées, et que les plantes évoluent au fil du temps. Cependant, si l’on veut manger des espèces gustatives à coup sûr, il se peut que nos semences soient issues d’hybridations, même si le fruit dans lequel on les a prélevées était un beau butternut. Ainsi, ces semences peuvent donner des courges ayant moins de goût, ou alors non comestibles. Vous pouvez quand même tenter, les non comestibles n'auront pas une tête sympathique, les autres ressembleront de près ou de plus loin (en forme ou couleur) à la courge de départ :)

 

D’ailleurs, n’oubliez pas de mettre plusieurs pieds de la même espèce pour avoir des fécondations à coup sûr, qui aboutiront à des fruits !

 

Envie d'un peu plus de détails ? --> Graines de troc – Reproduire ses semences

 

Et en pratique ?

Après les avoir récupérer, comme vu dans les paragraphes et le lien précédent, on fait quoi ?

  1. En fonction des graines, on fait sécher et/ou fermenter
  2. On les conserve à l'abri de l'humidité et de la lumière dans un petit sac en papier (un petit tuto très simple pour les fabriquer sois-même, et avec des feuilles de brouillons en plus, Zéro déchet ?)
  3. Sur le petit sac, on note au minimum la date et le lieu de récolte, ainsi que la variété (on pense qu'on va retenir, et en fait non ....)
  4. On les mets 40 jours au frigo pour faciliter leur levée au printemps prochain :)

Faire sa semence, un acte de résistance …

Nous l’avons déjà un peu évoqué dans notre article sur Vandana Shiva. Mais quand on est jardinier ou paysan, faire sa semence c’est être autonome, et contourner à coup sûr les industries semencières qui tentent de breveter à tour de bras. C’est un bon moyen d’être militant au calme chez soi ça non ? 😊 C’est aussi se donner les moyens d’échanger ses semences avec un autre jardinier ! Il peut enrichir notre grainothèque en nous donnant d’autres espèces et d’autres variétés, toujours dans le but de cultiver la diversité. Et oui, la vente de semences est plutôt complexe dans la législation française et régie par les catalogues officiels français et européen, alors passons au troc !

 

 Y a qu’en forgeant qu’on ... vous connaissez la suite … Bref ! Bon courage dans votre récolte de graines, et dans vos combats pacifistes !

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