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Vers une apiculture de loisir : simplicité, plaisir et biodiversité.

80% des apiculteurs possèdent moins de 10 ruches en France, et il s’agit bien souvent de personnes ne cherchant pas la productivité, mais la sauvegarde des abeilles, le plaisir de les voir et de déguster le miel qu’elles auront produits. Cependant l’apiculture qui est diffusée dans les ruchers écoles est issue des pratiques professionnelles. Les ruches Dadant sont souvent les seules présentées, car les plus répandues. Les interventions y sont nombreuses, le matériel abondant, et la production de miel importante. Ce sont les ruches qui sont les plus adaptées à la pratique professionnelle, mais le sont-elles pour la pratique de loisir ? Et pour le cycle de l’abeille ?

D’ailleurs… Comment les colonies sauvages vivent elles ?

 Une colonie d’abeilles affectionne particulièrement les cavités entre 50L et 80L dans les troncs d’arbres. Pas plus, car en hiver la cavité sera trop dure à réchauffer, et pas moins, car les stocks de miel seront insuffisants pour passer l’hiver. L’arbre leur offre alors habitat, mais aussi nourriture et régulation de la température en été. L’entrée de la colonie, d’un diamètre d’environ 5 à 10 cm est alors située entre 2,50 m et 3 m du sol (Figure 1).

 

Une abeille peut sillonner un territoire de 3 km de rayon autour de la ruche pour trouver sa nourriture : nectar, pollen, et miellat. Le nectar est ce qui leur permet de fabriquer du miel, auquel elles ajoutent du pollen pour constituer du pain de miel destiné à nourrir les larves. Les abeilles utilisent aussi du miellat, une substance sécrétée par les pucerons lorsqu’ils se nourrissent de plantes. Majoritairement utilisé en fin de saison, il permet de soutenir la vie de la ruche jusqu’à l’hiver.

 

Les abeilles commencent à installer leurs rayons verticalement : leur couvain au plus proche de l’entrée et les stocks de miel sont situés au plus bas de la cavité. Afin d’éviter les pillages de miel, les colonies sont éloignées les unes des autres.

 

Elles choisissent donc leur lieu de vie en fonction : de leur habitat, de leur nourriture, de l’éloignement avec les voisines, mais aussi de la distance à un point d’eau. En gros, tout ce qui est nécessaire à leur vie. 

Parfois, l’arbre qu’elles ont trouvé tombe, la ruche se retrouve donc à l’horizontale et nécessite une réorganisation verticale des rayons (Figure 2). Le couvain est toujours à l’entrée, le miel se retrouve derrière et l’entrée à environ 1 m du sol (en fonction de la taille de l’arbre).

 

 

Et comment ça marche avec nos ruches artificielles ?

 Si on regarde l’organisation de la ruche Dadant (Figure 3), on remarque assez vite que l’on s’éloigne du fonctionnement naturel de l’abeille. Ce sont, comme dit plus haut, des ruches qui sont adaptées aux pratiques professionnelles, avec production de miel importante.

 

 

 

 

Mais si notre objectif est l’apiculture de loisir, pour s’émerveiller devant nos petites abeilles, pour les sauvegarder et pour (quand même :)) se régaler, un peu, mais pas trop, avec ce qu’elles produisent, existent-ils d’autres ruches ?

 

La réponse est oui ! Une multitude même, surtout à l’échelle du globe… Nous pouvons citer entre autres la ruche Warré, les ruches traditionnelles bien sûr et la ruche horizontale (En anglais : Top bar hive). Cette dernière a les avantages d’être facile d’utilisation, de nécessité peu d’interventions et de s’utiliser avec très peu de matériel : on évite ainsi cadre, extracteur, ou maturateur. Pour le moment, la meilleure option est certainement de la fabriquer soi-même. Elle requiert en effet des matériaux basiques et quelques outils pour être mise sur pied. Ensuite deux visites par an en moyenne sont nécessaires pour vérifier que tout se passe bien et éventuellement récolter son propre miel ! Les abeilles se chargent du reste 😊

 

Le petit bonus : on peut y installer une planche de plexiglass pour observer nos petites abeilles vivre sans les déranger ! Pour le plus grand bonheur des enfants, comme des adultes :) 

La ruche horizontale, une approche permaculturelle de l’apiculture ?

 La ruche horizontale (top bar hive) cherche ainsi à se rapprocher au maximum des traits de vie naturelle de notre abeille. Assimilable à un tronc d’arbre couché, le couvain est situé au plus proche de l’entrée, et les stocks de miel à l’arrière (Figure 4). L’apiculteur se sert avec parcimonie une fois le printemps venu, au mois d’avril, en prélevant le ou les rayons en excès non consommés par les abeilles durant l’hiver. Ainsi, nul besoin de les nourrir avec des sirops de sucres pour compenser le manque de miel durant l’hiver. Pas de risque non plus de nuire à leur survie en prélevant le miel à la fin de l’été, stock normalement destiné à nourrir les abeilles durant l’hiver.

 

Les rayons dans la ruche horizontale sont construits par les abeilles, elles sont libres de réaliser une de leur fonction naturelle qui est de construire leur rayon avec de la cire. L’apiculteur guide néanmoins la formation des rayons sur de petites planchettes qui serviront d’attache pour les rayons.

 

L’observation de la colonie dans son milieu naturel et les connaissances scientifiques sur son comportement permettent ainsi de concevoir une ruche qui respecte au maximum la vie sauvage de la colonie. Elle permet à l’apiculteur de récolter un peu miel avec très peu d’interventions. Cette démarche s’apparente bien à la permaculture qui cherche à comprendre le fonctionnement d’un système naturel pour collaborer de la meilleure façon possible. Et s’adapte donc très bien à l’apiculture de loisir :) 

D’où vient la ruche horizontale ?

 Démocratisée dans les années 70 dans la Corne Est de l’Afrique, il lui a été attribué le nom de « ruche kenyane ». En effet, de dures famines sévissaient dans cette partie du monde. Les ONG ont constaté que les populations locales n’avaient pas beaucoup de matériaux locaux, et peu de sources de sucre. Des chercheurs nord américains ont alors pensé à une ruche originaire d’Europe, la ruche horizontale 😉  

Différencier apiculture professionnelle et de loisir

En France, nous avons actuellement une demande de miel élevée que nos apiculteurs n’arrivent pas à satisfaire… La consommation de miel étranger est alors importante et les pirouettes pour appeler miel un simple sirop de sucre sont nombreuses… Nous avons donc besoin d’apiculteurs professionnels, et également d’apiculteurs amateurs qui puissent accueillir une ruche facilement.

 

 Alors si, comme nous, vous n’avez pas de formation apicole mais que vous aimeriez avoir votre ruche, vous émerveiller de son fonctionnement, vous régaler avec la petite quantité de miel qu’elles laisseront pour vous, pensez à la ruche horizontale !

 

Pour finir, attention tout de même à la réglementation en vigueur, et surtout à votre sécurité ! Une ruche à la maison, ça se réfléchit quand même ;)

 

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  ==> Ces informations sont extraites d'une formation de Pierre Javaudin, merci à lui. Il en propose d'autres, n'hésitez pas à aller sur son site ou à le contacter pour en savoir beaucoup (beaucoup) plus et/ou lire son livre « Une ruche dans mon jardin, pour une apiculture naturelle et familiale » :)

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Commentaires: 1
  • #1

    Yasmine (vendredi, 20 avril 2018 18:37)

    Merci pour ce bel article